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Sous-estimer la durée de vie

Sommes-nous conscients de notre longévité ?

La mesure de la longévité humaine est l’un des sujets les plus importants en matière de démographie. Cette notion n’inclut pas seulement la durée de vie des personnes, mais aussi le nombre d’années qu’elles peuvent espérer vivre. Sous-estimer notre durée de vie peut occasionner des risques en ce qui concerne la planification des retraites individuelles. Une vision réaliste de l’espérance de vie peut également contribuer à faire accepter les politiques repoussant la limite de l’âge de départ à la retraite.
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Underestimating Lifespans
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La mesure de la longévité humaine est l’un des sujets les plus importants en matière de démographie. Cette notion n’inclut pas seulement la durée de vie des personnes, mais aussi le nombre d’années qu’elles peuvent espérer vivre. Sous-estimer notre durée de vie peut occasionner des risques en ce qui concerne la planification des retraites individuelles. Une vision réaliste de l’espérance de vie peut également contribuer à faire accepter les politiques repoussant la limite de l’âge de départ à la retraite. Toutefois, il existe peu d’études représentatives portant sur la durée que les gens peuvent espérer vivre. Alison O’Connell examinent les différents résultats disponibles jusqu’à présent.  

 

La durée de vie subjective

Comment la population perçoit-elle la longévité ? Combien d’année les gens peuvent-ils espérer vivre ? Ce qu’on appelle « la théorie du cycle de vie » soutient que les gens n’ont pas économisé suffisamment d’argent pour leur retraite car ils ont sous-estimé leur durée de vie. Il existe également des analyses plus détaillées destinées à savoir si les gens économisent de l’argent à des fins spécifiques pour la retraite. L’ensemble de ces recherches ont montré le manque d’épargne des individus. Cependant, elles sont également fondées sur des calculs particulièrement complexes basés sur des hypothèses controversées. Bien que ces résultats prennent en considération la possibilité de la « sous-épargne », ils ne tiennent pas compte du fait que la durée de vie attendue est sous-estimée.

Un autre aspect important est l’utilisation du terme adéquat. « L’espérance de vie » est le terme le plus couramment utilisé en démographie. Cependant, cette expression désigne le taux de mortalité moyen d’une population donnée et non pas l’espérance subjective de longévité. Pour éviter toute confusion, A. O’Connell utilise le terme de « durée de vie subjective » pour parler des attentes des individus concernant leur longévité. Elle a trouvé que seulement six études représentatives d’une population nationale sont consacrées aux nombres d’années que les gens pensent vivre. La synthèse de ces résultats montre que les personnes ont tendance à sous-estimer leur durée de vie totale.

 

Le sexe, le niveau d’éducation et l’état de santé autoévalué jouent un rôle important

Si l’on en croit ces études, les hommes sont conscients qu’ils vont généralement vivre moins longtemps que les femmes. Malgré tout, ils sont bien plus optimistes que leurs homologues féminins. Les hommes sous-estiment leur durée de vie de quatre ans, alors que les femmes s’attendent à vivre six ans de moins que la réalité. A. O’Connell se demande quelles en sont les raisons. On sait généralement que les hommes vivent moins longtemps que les femmes, mais comment les attentes subjectives de longévité varient-elles généralement selon les facteurs de risque de mortalité ? Les gens s’attendent-ils à vivre moins longtemps s’ils savent que leur risque de mortalité est plus élevé ?

 

Tableau 1 : Facteurs de risque auto-déclarés
Plus de données sont disponibles dans l’article original.

 

L’un des facteurs important semble être l’auto-évaluation de l’état de santé. Il apparaît que ce facteur soit directement relié aux attentes en matière de longévité. Si vous vous sentez en bonne santé, vous avez plus tendance à vous attendre à vivre plus longtemps. Un autre aspect intéressant est que le fait d’être en surpoids ne semble pas avoir un impact important. Lorsque les gens sont en surpoids, ils ne pensent généralement pas qu’ils pourraient vivre moins longtemps même si, d’après les résultats actuels, l’obésité est un facteur assez important de mortalité précoce. Le tabagisme semble avoir une influence plus forte sur les attentes subjectives en matière de longévité. Bien que les fumeurs anticipent une durée de vie plus courte que les non-fumeurs, ils ont toujours tendance à sous-estimer les risques réels du tabagisme. Un autre fait statistique bien connu des démographes est que l’éducation et le statut socioéconomique jouent un rôle dans la durée de vie. Les personnes ayant un niveau d’enseignement élevé ont tendance à vivre plus longtemps, ainsi que ceux qui possèdent un statut socioéconomique élevé. Mais comme ce n’est pas un fait largement connu, les attentes en matière de longévité ont tendance à ne pas refléter les facteurs socioéconomiques aussi bien que le rôle de l’éducation dans la durée de vie totale. Les personnes ont tendance à ne pas en avoir conscience. A. O’Connell résume les faits ainsi : les facteurs de risque les plus largement connus sont l’appartenance à un sexe, l’état de santé auto-déclaré et le tabagisme (cf. tableau 1).

 

Une tendance à la sous-estimation

Toutes les études partent du principe que les gens ont une idée générale de leur durée de vie probable mais qu’il existe une tendance commune à sous-estimer la durée qu’il leur reste réellement à vivre. Par conséquent, les responsables politiques peuvent partir du principe que les gens ne sont pas réalistes vis-à-vis de leur longévité. Ils devraient être intéressés par le fait de savoir si améliorer la longévité est compris par la population générale. Si les personnes sont réellement conscientes de leur durée de vie potentielle, c’est seulement ainsi qu’elles peuvent agir de manière responsable, comme par exemple en économisant de l’argent pour plus tard, pour leurs vieux jours. Il serait sans doute utile de faire davantage d’efforts pour informer les gens du fait qu’ils peuvent s’attendre à vivre plus longtemps. D’autres recherches pourraient servir à acquérir des connaissances plus précises sur ce sujet en utilisant des échantillons plus larges et plus représentatifs.

Augmenter l’âge d’éligibilité pourrait permettre d’envoyer de puissants signaux concernant les attentes quant à l’âge de départ à la retraite et à la durée de la vie à la retraite. L’élévation de l’âge de départ à la retraite a récemment fait l’objet de nombreuses discussions. Si les gens sont davantage conscients du fait qu’ils vont probablement vivre plus longtemps qu’ils ne s’y attendent, ceci aurait certainement une influence positive sur les débats.    

  

 

Please note that only the English version is citable as this is the version that has been approved by the author(s). Please cite the PopDigest as: Robles Salgado, Isabel (2012): Underestimating Lifespans: Are we aware of our longevity? PopDigest 24. Berlin: Population Europe. Available at: http://population-europe.eu/pop-digest/underestimating-lifespans. (Date of Access)

This Population Digest has been published with financial support from the Progress Programme of the European Union in the framework of the project “Supporting a Partnership for Enhancing Europe’s Capacity to Tackle Demographic and Societal Change”.

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