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Estimer les flux migratoires

Améliorer les méthodes d’estimation des flux migratoires

Connaître le nombre de personnes se déplaçant entre et sortant des pays européens est important pour les politiques et la stabilité des systèmes sociaux en Europe. Cependant, les sources de données sont incomplètes et par conséquent les prévisions des flux migratoires ne sont pas fiables. Les démographes ont mis en place une nouvelle méthode pour aller au-delà de ces données incomplètes afin de décrire et de prévoir avec précision l’ampleur des flux migratoires, même selon l’âge et le sexe.
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Estimer les flux migratoires
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Connaître le nombre de personnes se déplaçant entre et sortant des pays européens est important pour les politiques et la stabilité des systèmes sociaux en Europe. Cependant, les sources de données sont incomplètes et par conséquent les prévisions des flux migratoires ne sont pas fiables. Les démographes ont mis en place une nouvelle méthode pour aller au-delà de ces données incomplètes afin de décrire et de prévoir avec précision l’ampleur des flux migratoires, même selon l’âge et le sexe.

James Raymer, Joop de Beer et Rob van der Erf ont développé une nouvelle méthode pour estimer les flux migratoires entre 2002 et 2007 dans 31 pays de l’Union Européenne (UE) et de l’Association Européenne de Libre-Échange (AELE). La mise à disposition de données exactes sur les flux migratoires est essentielle par exemple lorsqu’un pays souhaite résoudre, grâce à l’immigration, certains problèmes tels que la diminution de main d’œuvre ou encore le financement du système de retraite. Ces données permettent également le développement de politiques d’intégration. 

 

Des difficultés pour obtenir des données comparables

Les données existantes sont incomplètes et peu précises. Les pays européens ont développé dans le passé des systèmes d’enregistrement qui sont rarement compatibles entre eux. Les difficultés commencent lorsqu’il est question de savoir quelle personne peut être catégorisée en tant que migrant. À cet égard, les pays européens utilisent différentes définitions. Par ailleurs, les pays européens ont des données relativement précises sur les immigrés mais pas sur les émigrés, puisque les personnes sont obligées de s’enregistrer lorsqu’elles entrent dans un pays mais pas lorsqu’elles partent. En effet, en 2003, l’Allemagne comptait 9 258 immigrés provenant de la République Tchèque, alors que la République Tchèque a noté le départ de 950 personnes pour l’Allemagne. D’autres pays ont par ailleurs des données partielles ou parfois même totalement inexistantes.

 

Assembler les pièces du puzzle

En 2007, le Parlement européen a adopté une règlementation visant à harmoniser les données sur la population des pays membres de l’UE. Néanmoins, les pays ne doivent pas changer leurs systèmes de collecte de données dans leur intégralité : des méthodes statistiques peuvent être utilisées pour compléter les données manquantes et permettre leur comparaison. Pour mettre cette méthode en pratique, les chercheurs ont utilisé des données provenant de trois sources : un tableau origine-destination des 19 pays de l’UE / AELE harmonisé au préalable, un tableau détaillant l’âge et le sexe des migrants et, pour finir, des informations additionnelles sur la migration de façon générale. Pour estimer de meilleure manière les valeurs de l’émigration et de l’immigration irrégulière, ils ont également pondéré les données : les pays riches sont plus susceptibles d’attirer les immigrés tandis que les personnes plus jeunes sont plus susceptibles d’être plus mobiles que les plus âgées.

 

De nouvelles informations sur le nombre total, l’âge et le sexe des migrants

Les résultats trouvés grâce à cette nouvelle méthode d’estimation livrent de nouvelles informations sur les mouvements dans et hors l’UE / AELE. Par exemple, la migration nette, c’est-à-dire la différence entre le nombre de personnes entrant et sortant d’un pays, est nettement inférieure que celle proposée par l’institution statistique européenne Eurostat. En effet, l’équipe de recherche estime une migration nette d’environ 864 000 pour les pays de l’UE  / AELE en 2007 alors qu’Eurostat l’estime à 2 089 000.

Graphique 1 : Estimation du total des migrations nettes, pour l’UE-15

 

Un autre résultat intéressant concerne l’estimation de la migration nette par âge et par sexe. Comme le montre le graphique 1, il y a un grand nombre de jeunes, principalement entre 20 et 29 ans qui se déplacent vers l’Europe des Quinze (UE-15).

Graphique 2 : Estimation du total des migrations nettes, pays de l’AELE

 

Les pays de l’AELE comme l’Islande, le Lichtenstein, la Norvège et la Suisse ont également un solde migratoire net positif, mais en comparaison avec l’UE-15, les migrants ont entre 25 et 29 ans et sont donc légèrement plus âgés (cf. graphique 2). Par ailleurs, il y a plus d’hommes que de femmes migrants qui restent dans les pays de l’AELE.  Aussi bien l’UE-15 que l’AELE ont un solde positif, alors que les pays ayant rejoint l’UE à la fin de 2004 et 2007 ont un solde migratoire négatif, en perdant leur population jeune.

Raymer, de Beer et Van der Erf pensent que leur méthodologie produit des estimations comparatives des flux migratoires de meilleure qualité que celles actuellement disponibles.

 

 

Please note that only the English version is citable as this is the version that has been approved by the author(s). Please cite the PopDigest as: Schaar, Katrin (2011): Estimating Migration Flows: Improving Estimation Method of Migration Flows. PopDigest 9. Berlin: Population Europe. Available at: http://population-europe.eu/pop-digest/estimating-migration-flows. (Date of Access)

This Population Digest has been published with financial support from the Progress Programme of the European Union in the framework of the project “Supporting a Partnership for Enhancing Europe’s Capacity to Tackle Demographic and Societal Change”.