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L’argent ne fait pas tout

Les facteurs influençant la décision migratoire des travailleurs hautement qualifiés

Même si résoudre le problème de la pénurie de main-d’œuvre n’est pas la panacée, la migration des individus les plus qualifiés partout dans le monde est considérée comme un facteur de gain de productivité, d’innovation et d’entrepreneuriat. Ce phénomène encourage les gouvernements des États membres de l’UE, dont les Pays-Bas, à envisager de changer de politique afin d’attirer les « immigrés du savoir ». Dans une récente étude, Anu Kõu, Leo van Wissen et Ajay Bailey évaluent les facteurs qui motivent les travailleurs hautement qualifiés à émigrer aux Pays-Bas.
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El dinero no lo es todo
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Même si résoudre le problème de la pénurie de main-d’œuvre n’est pas la panacée, la migration des individus les plus qualifiés partout dans le monde est considérée comme un facteur de gain de productivité, d’innovation et d’entrepreneuriat. Ce phénomène encourage les gouvernements des États membres de l’UE, dont les Pays-Bas, à envisager de changer de politique afin d’attirer les « immigrés du savoir ». Dans une récente étude, Anu Kõu, Leo van Wissen et Ajay Bailey évaluent les facteurs qui motivent les travailleurs hautement qualifiés à émigrer aux Pays-Bas. Leurs résultats indiquent que ce qu’on appelle « l’immigration du savoir » est motivée par d’autres raisons que la simple attractivité de l’emploi.


Les chercheurs du Population Research Centre de l’Université de Groningue affirment que les salaires élevés et d’autres avantages économiques proposés par les pays hôtes tendent à être surestimés. Les politiques destinées à séduire les immigrés les plus qualifiés doivent au contraire adopter une approche plus globale. Il faudrait tenir compte du contexte culturel des immigrés, de leurs normes et de leurs valeurs, de leurs expériences précédentes et de leurs attentes futures concernant les choix de carrière, sans oublier la composition de leur famille.


 


« Les immigrés du savoir et du talent » aux Pays-Bas


Le gouvernement néerlandais, souvent considéré comme l’un des pionniers en matière « d’économie du savoir » en Europe, a introduit un visa spécial en 2004. Les immigrés disposant de connaissances spécifiques demandées à l’échelle nationale ou internationale ainsi que des revenus supérieurs à la moyenne peuvent obtenir un visa de travail selon la durée de leur contrat, et ce pour une durée maximale de cinq ans. Après cela, ils peuvent poser une demande de permis de résidence permanent. Ces professionnels peuvent venir aux Pays-Bas avec leur conjoint(e) et leurs enfants, lesquels peuvent également obtenir des permis de résidence et de travail avec des démarches administratives réduites au minimum. Ce visa a remporté un fort succès (cf. graphique 1) : le nombre de dossiers déposés par des immigrés hautement qualifiés désireux de travailler au Pays-Bas est passé de 3 000 en 2005 à environ 10 000 en 2008. Cela correspond à une augmentation de 15 % à environ 50 % de la proportion d’immigrés « du savoir et du talent » par rapport au nombre total d’immigrés venus pour travailler.


L’ « immigré du savoir » typique au Pays-Bas est un jeune homme originaire d’Inde (30 %), de Chine, du Japon ou de Turquie, travaillant majoritairement dans le secteur des TIC ou des affaires (30 %), ou dans le secteur industriel (13 %). Seuls 8 % sont employés dans le domaine de l’éducation et de la recherche, ce qui est plutôt peu étant donné que les traités de Lisbonne et de Barcelone sont destinés à encourager les échanges internationaux dans ces domaines.


 


Des vies en réseau : l’importance de la famille et des proches


La décision de migrer a un impact significatif sur les autres aspects de la vie et vice versa. D’une part, ceux qui désirent émigrer sont susceptibles de se marier plus tôt qu’ils ne l’auraient fait autrement, afin de tirer parti des avantages de l’accompagnement conjugal prévu par le visa ou, au contraire, de se marier plus tard que leurs homologues sédentaires afin de consolider préalablement leur carrière à l’étranger. D’autre part, ils ont tendance à avoir des enfants plus tard. Certains de ces facteurs qui favorisent ou entravent la migration sont donc étroitement liés à la situation familiale et aux amis.


Les réseaux non-officiels jouent également un rôle crucial en aidant les migrants potentiels à rester informés sur des opportunités de carrière et de travail à l’étranger. Les réseaux paraissent à cet égard aussi importants que l’aide prodiguée par les organisations de travail. De plus, ils peuvent apporter un soutien immatériel une fois que les personnes sont dans le pays de destination. Ces « facteurs cachés » peuvent influencer à la fois la décision de migrer (ou non) et le choix du pays où s’installer.


Par conséquent, une meilleure compréhension de la configuration de ces « vies en réseau » peut aider les pays qui souhaitent attirer des migrants qualifiés de manière plus efficace à mieux construire leurs campagnes d’informations et leurs programmes d’aide matérielle et immatérielle.  


 


 


Graphique 1 : Dossiers déposés pour un premier permis de séjour après l’introduction du visa spécial pour les « immigrés du savoir », 2005 – 2008*


*(6 premiers mois de l’année 2008)x2


 


Please note that only the English version is citable as this is the version that has been approved by the author(s). Please cite the PopDigest as: Frosch, Katharina (2012): Money isn't Everything: How the highly-skilled decide whether or not to migrate. PopDigest 19. Berlin: Population Europe. Available at: http://population-europe.eu/pop-digest/money-isnt-everything. (Date of Access)


This Population Digest has been published with financial support from the Progress Programme of the European Union in the framework of the project “Supporting a Partnership for Enhancing Europe’s Capacity to Tackle Demographic and Societal Change”.